Chapitre 5. 15 juin 2006

J’ai reçu l’appel à 16h00, après avoir passé la journée à deux pas du téléphone. M’empêchant de sortir de l’appart, m’empêchant d’écouter de la musique trop forte. C’était comme une journée de pêche. J’attendais que la ligne s’agite. Sauf que j’étais dans mon demi-sous-sol, plutôt que sur un beau lac, dans la nature. Seul point positif, il n’y avait pas de moustiques.

-Salut Jeff, ça va?

-Disons que ça pourrait aller mieux. J’apprécie avoir un minimum de contrôle sur ma vie, et là j’ai l’impression de ne rien contrôler du tout. Ça s’applique à ma relation avec toi, mais aussi à ma vie en général.

-Je ne te connaissais pas comme un control freak!

-Je ne crois pas en être un non plus, par contre, je crois être incapable d’être un pur suiveux. Ça me prend quand même un minimum de contrôle. C’est normal non?

Je posais vraiment la question afin d’obtenir une réponse, et pas dans le but de convaincre Catherine. Je ne savais plus si c’était normal ou pas.

-Jeff, je m’excuse aussi de t’avoir mis dans cette situation désagréable. Je ne sais pas si j’ai bien fait, mais maintenant que nous sommes dedans, il faut aller jusqu’au bout. Si on traverse ça, je me dis qu’on va être solide en maudit comme couple, et qu’on va faire un bon bout de chemin ensemble.

-Tu me fais peur quand tu dis qu’on va aller jusqu’au bout. Ça veut dire quoi?

-Ça veut juste dire que l’on va reprendre quand on va être vraiment certain et vraiment à l’aise chacun de notre bord que c’est la bonne décision. Tu vois, je ne considère même plus l’alternative que ça aboutisse à une rupture.

-Si tu ne le considérais vraiment pas, alors tu serais complètement à l’aise avec la décision que l’on revienne ensemble.

-Disons que je travaille vraiment pour me donner toutes les chances d’arriver à cette conclusion. Aucun effort n’est fait dans l’autre sens.

-C’est quand même rassurant, mais ça va durer combien de temps tout ça?

-Je ne sais pas, quelques semaines tout au plus; gros maximum quelques semaines. Peut-être moins si ça va bien… je l’espère.

-Bon, et quand est-ce que l’on va pouvoir se rencontrer?

-Certainement pas avant le rassemblement en tout cas; je crois qu’il va être important pour nous de voir comment on se sent, à chaud, après ce point culminant.

-Je peux vivre avec ça, on pourrait se voir dimanche peut-être.

-Peut-être, mais on règlera ça à la fin de notre conversation, qu’as-tu fais depuis la semaine dernière?

-Pas grand-chose, je te le jure. J’ai eu une grosse paralysie du cerveau. Je suis en attente.

-Tu avais l’air plus sûr de toi vendredi dernier.

-Ce n’est pas une question de remise en question, c’est une question de trouver ça plate d’attendre. Pour ce que je t’ai dit la semaine dernière, rien n’a changé.

-Je crois que ça va marcher notre affaire, Jeff. Tu me rassures par ce que tu me dis, mais je ne suis pas encore parfaitement convaincu qu’il n’y aura pas un glissement à l’horizon. Toi de ton côté, tu es certain que tout est sous contrôle?

J’ai décidé que j’aimais Catherine, et c’est tout ce qui comptait. C’est ce que j’allais lui dire dimanche prochain. La question était de savoir si Catherine, elle, pouvait m’aimer aussi inconditionnellement.

-Tout est sous contrôle et de mon côté, notre situation, notre avenir est tout pensé Catou. Je t’expliquerai tout ça dimanche prochain.

-J’ai bien hâte d’entendre ça. Et le père de Sean, tu as tout organisé pour le recevoir?

Après quelques échanges banals, on a convenu de se revoir dimanche après-midi à mon appart, moins bruyant, plus spacieux. J’avais plaidé pour le matin, mais elle disait que ce n’était pas sage. Qu’il fallait se donner le temps de digérer le rassemblement un peu, afin de pouvoir en parler. Elle voulait aussi que l’on ait le temps de lire les journaux du dimanche, au cas où ils parleraient du rassemblement, afin de pouvoir réagir à ces hypothétiques articles ensemble. Encore les tout-puissants médias qui s’inséraient dans ma vie personnelle! Elle avait sans doute raison par contre, alors je n’ai pas trop insisté. J’ai quand même réussi à obtenir le début de l’après-midi. On a fixé le rendez-vous à 14h00 précises, pour m’éviter un peu l’angoissante période où les attentes de l’un ne correspondent pas à l’horaire de l’autre.

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