Chapitre 5. 11 juin 2006

Je ne savais plus très bien quoi faire de ma peau. Je savais que Catherine n’était pas loin, mais je ne pouvais pas aller la voir. Je savais que Sean était bien occupé, mais je me refusais à l’aider. Je savais que j’aurais dû rédiger ma thèse, mais j’en étais incapable. Je ne voulais pas vraiment voir les copains, je ne voulais pas être questionné concernant le rassemblement. En plus, je préférais être seul, bien que je n’étais pas à l’aise en solitaire non plus. J’écoutais la télé, je faisais un peu de vélo, je lisais quelques magazines, j’essayais de rédiger ma thèse sans succès. Je suis même allé faire quelques lancers de basket-ball au parc pas très loin de chez Catherine, en espérant qu’elle me voie. En plein cœur de l’après-midi, il n’y avait que moi, aucune Catherine en vue. J’avais eu amplement de temps pour organiser l’arrivée du père de Sean. Il ne me restait qu’à attendre l’appel de Catherine jeudi. J’espérais qu’elle allait m’appeler jeudi matin. Je n’étais plus bon à rien. En tout cas, pas question que Catherine et moi on ne se voie pas la semaine prochaine. J’avais tellement hâte de lui dire.

Pour empirer la situation, Stéphanie m’a appelé pour m’informer qu’elle avait entendu dire que Catherine et moi n’étions plus ensemble. Je savais vraiment pas où elle aurait pu entendre parler de ça. Peut-être Sean, puisqu’elle faisait partie du comité organisateur du rassemblement. Ce devait être ça puisque je n’en avais parlé à personne d’autre. Je ne pouvais pas blâmer Sean puisque je ne lui avais jamais mentionné de garder ça pour lui. Il était évident que Stéphanie posait cette question de manière intéressée. Elle était vraiment pas gênée cette fille-là!

-Disons qu’on est en break. Mais STP garde ça pour toi, même nos parents ne sont pas au courant. Mais pourquoi tu veux savoir ça?

-Pour rien, on m’a parlé de ça et ça m’a un peu surprise. Je préférais m’assurer que c’était vrai avant de faire quoi que ce soit… avant de digérer la nouvelle. Mais de quelle sorte de break s’agit-il?

-Parce qu’il y en a plusieurs sortes? Je sais pas quoi te dire. C’est un break où on réfléchit tous les deux à un malentendu que l’on a vécu. On se demande si l’on doit y accorder de l’importance ou pas. Aussitôt que l’on se met d’accord, le break est fini. Si l’on se met pas d’accord, c’est le couple qui est fini.

-Et de quel bord ça penche?

-T’es pas gênée Stéphanie! Est-ce que tu appliques sur le poste de conseillère matrimoniale par hasard?

-Si le poste est ouvert, je suis disponible.

Vraiment pas subtile la Stéphanie, je l’imaginais se dire que j’allais aller pleurer sur son épaule et que j’allais tomber sous son charme. Je voyais son jeu à cent milles à l’heure.

-Non, le poste n’est pas ouvert, mais je vais m’assurer de t’appeler la première si jamais ça change.

-Sean m’a dit que c’était peut-être l’idée du rassemblement qui avait causé ce break, est-ce vrai?

Ça confirmait au moins que l’information lui venait de Sean. Je n’allais certainement pas répondre à sa question, c’était vraiment pas de ses oignons.

-Disons que c’est peut-être relié à ça d’une certaine façon, mais pas directement. J’aimerais mieux ne pas en parler si ça ne te dérange pas.

Sur quoi elle s’est mise à me faire la conversation sur mille et un sujets. Elle était presque trop gentille. Pendant qu’elle parlait, je me demandais si vraiment, j’aurais pu tomber sous le charme de cette fille. Ça faisait évidemment un gros velours de voir qu’elle s’intéressait à moi. Mais présentement, toutes mes idées me menaient vers Catherine, et il n’y avait de place pour aucune autre femme. Par contre, je savais très bien que j’étais dans un état de vulnérabilité. Au téléphone, c’était facile de résister, mais en chair et en os, je suis certain que ce n’aurait pas été si facile. Stéphanie est une très belle fille, avec une personnalité semblable à celle de Catherine. Je me suis dit que si je l’avais rencontré dans un bar en ce moment, et qu’elle s’était montrée entreprenante, c’était certain que j’y passerais. J’ai donc pris sur-le-champ la résolution de n’aller dans aucun bar tant et aussi longtemps que Catherine et moi serions en break.

Cette attente me tuait. Connaissant Catherine, elle n’allait m’appeler que jeudi, en fin d’après-midi, sans déroger à la règle d’une seule miette.

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