Chapitre 5. 7 juin 2006

Sean est arrivé pour le lunch à midi tapant. Sa ponctualité n’était pas affectée par l’effervescence qu’il vivait. J’avais préparé des sandwichs et je n’ai pas perdu de temps, j’ai tout de suite mis cartes sur table.

-Sean, c’est décidé, je ne vais pas participer au rassemblement. J’y serai. Vous pourrez mentionner que je suis l’instigateur du concept, mais je désire rester en marge. Je te laisse le plancher et je vais très bien vivre avec ça! J’y ai bien réfléchi.

-Bon, je m’attendais quand même un peu à ça. Ce n’est pas si grave en ce qui concerne le rassemblement du PEPS, on peut s’arranger sans toi. Mais n’oublie pas, tu n’embarques pas à ce rassemblement, tu dois oublier ça pour d’autres rassemblements du genre que l’on pourrait tenir ailleurs. Le train quitte la gare, et si tu n’embarques pas maintenant, il sera trop tard.

-C’est correct, j’ai déjà pensé à tout ça. Ça n’a pas été facile, mais je suis très confortable avec ma décision et elle est tout à fait ferme et finale.

Il n’était pas question que je parle à Sean de mon texte en cours de rédaction et de mon intention de le publier éventuellement. J’avais peur que ça lui donne des idées et qu’il veuille absolument s’associer à cette rédaction. Je voulais garder ça pour moi. Comme je parle beaucoup de Sean dans ce récit, j’imagine que je devrai un jour lui demander la permission avant de publier ce document. Mais je vais attendre que le texte soit parfaitement complété avant d’aborder ce sujet avec lui.

Sean n’a pas du tout insisté. Il me voyait très sûr de moi et n’avait certainement pas de temps à perdre. Il a donc abordé d’autres sujets de discussion, ce que j’ai fortement apprécié. On a un peu renoué avec une relation d’amitié toute simple, plutôt que d’être co-gestionnaire d’une situation délicate.

-Jeff, je vais quand même te demander quelque chose. Peux-tu STP aller chercher mon père à l’aéroport? Il arrivera la veille du rassemblement et je risque d’être pas mal dans le jus.

-Si ça peux t’aider, ça me fera plaisir! Par contre, j’imagine que ton père va être un peu déçu. C’est pas moi qu’il veut voir. Ça fait combien de temps que tu es ici, presque 6 mois?

-Je sais, mais il va rester à Québec une semaine entière, alors j’aurai le temps de me reprendre après. C’est même lui qui m’a suggéré de ne pas m’occuper de son arrivée, étant donné que je serai en plein dans les arrangements de dernière minute. Je préfère cependant que quelqu’un soit là. Mon père n’est plus très jeune. Il a peu voyagé, et il ne parle pas un mot de français. Avec son accent australien, on risque de ne pas le comprendre. Comme tu le sais, mon père n’est pas très patient, il est habitué à ce que les choses se fassent rondement. Je veux éviter qu’il soit frustré en partant, et que ça teinte le reste de son séjour.

-Est-ce que tu l’as averti?

-Non, j’attendais de t’en parler, mais je vais le faire maintenant que tu acceptes.

Je reconnaissais mieux mon bon vieux Sean. On a pu discuter de manière détendue. Il m’a demandé si je m’attendais à reprendre la rédaction de ma thèse. Je lui ai dit que oui; un peu à ma propre surprise. J’ai songé que je pourrais commencer demain, avant que Catherine me téléphone. Ce serait une bonne façon de lui démontrer que j’ai repris le contrôle de la situation. J’étais un peu fébrile par contre, je me demandais bien comment reprendre le collier après une si longue pause.

*****

Après quelques minutes de psychose de la page blanche, j’ai décidé de relire ma thèse du début. J’ai peut-être perdu quelques heures; mais après la lecture, j’ai repris la rédaction sans hésitation, comme si je n’avais jamais fait de pause, et tout a très bien été. Même que mon expérience de rédaction hors-thèse m’a peut-être un peu aidé à me sentir plus à l’aise avec mon clavier. Par contre, il fallait que je fasse attention de ne pas déraper vers la rédaction d’éditoriaux scientifiques. Je devais garder mon objectivité, respecter les règles de rédaction de cette thèse.

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